Un entretien avec le professeur Leverger
Entre l’Hôpital Trousseau et Les 111 des Arts… toute une histoire !
Même si établir une relation entre les artistes, les acheteurs/donateurs et les enfants malades, n’est pas l’objectif premier de l’association, les mettre en contact d’une manière ou d’une autre l’est. Une visite du service d’oncologie pédiatrique et la rencontre avec son personnel s’imposaient.
Les 111 des Arts – Quels souvenirs avez-vous des dernières années partagées avec les 111 des Arts ?
G.L. – Je me rappelle aussi d’échanges très chaleureux avec les artistes. Nous les rencontrions aussi, au tout début, lors de portes ouvertes dans leurs ateliers. Cela faisait une activité supplémentaire à l’exposition-vente, et le lien entre les bénévoles, les fidèles des 111, les acheteurs, les artistes, le milieu médical en sortait grandi. Ensuite, avec Jean-Pierre Tardieu, le précédent président, l’association, en entamant un partenariat que je crois très étroit avec la Mairie du 8e, et en bénéficiant donc d’une belle salle, a pris aussi une nouvelle envergure.
Les 111 des Arts – Vous venez toujours à l’Expo-vente…
G.L. – Je m’y suis rendu tous les ans, sauf deux fois à cause d’impératifs professionnels. J’aime beaucoup y venir, parfois j’y vais même plusieurs fois. Lors de l’inauguration, lorsque je me trouve sur l’estrade avec les autres partenaires et que je regarde tous ces gens réunis, je vous l’avoue, je trouve cela émouvant. Des personnes que je connais ou reconnais, d’autres inconnues mais que j’imagine pouvoir être des parents, des frères, des sœurs, des proches d’enfants malades…
Les 111 des Arts – L’association bénéficie d’un vrai capital sympathie de votre part !
G.L. – Pas que de la mienne ! Les personnes qui travaillent avec moi apprécient aussi les 111. Pour preuve, une institutrice qui a été en poste à l’hôpital et qui habite maintenant en Bretagne mais qui, chaque année, revient à l’exposition-vente !
Les 111 des Arts – De quels moments forts partagés avec l’association vous souvenez-vous le mieux ?
G.L. – Ce qui tisse ce lien entre le service et l’association, ce sont notamment les remises de chèque, pas tant pour elles-mêmes, mais pour l’occasion qu’elles nous donnent de nous rencontrer et, pour nous, d’accueillir aussi les artistes ici : ce sont toujours des moments émouvants et certains artistes en ressortent même réellement touchés. Nous organisons un pot convivial dans une salle de réunion, et se noue là un lien d’ordre affectif, au-delà de la seule, et déjà satisfaisante, solidarité d’ailleurs. Et, remise de chèque après remise de chèque, il se renouvelle.
Les 111 des Arts – Quels travaux de recherche médicale avez-vous pu mener à bien grâce à l’aide de l’association ?
G.L. – D’abord, il s’est agi de soutenir l’action de Judith Landman, leader national sur le lymphome de Hodgkin. Aujourd’hui, cette maladie se guérit à 80-90%, mais réussir à réduire l’impact des médicaments sur les patients reste primordial ! Et pour cela, on a de la peine à trouver des financements, par exemple pour rémunérer les attachés de recherche clinique qui coordonnent le travail des chercheurs. L’association m’aide aussi, moi, à continuer la recherche sur les leucémies aiguës d’un certain type. Notre service pilote les essais au niveau national : en résumé, nous collectons toutes les données concernant les enfants atteints pour les besoins de la recherche. Les 111 nous aident aussi à acquérir du matériel pour la recherche dans ce cadre. Autre axe de travail : l’étude des profils de génomes impliqués dans les cancers sur lesquels nous travaillons… et là, grâce aux associations, nous pouvons publier des résultats et avancer.
Les 111 des Arts – Vous soutenez aussi, et les 111 des Arts par votre biais, le GFAOP (Groupe Franco Africain d’Oncologie Pédiatrique)…
G.L. – Effectivement, et en particulier des programmes développés avec le Mali, Madagascar, le Cameroun et le Sénégal. Cela touche aux leucémies aiguës. Un vrai travail de recherche avait été conduit en 2007 avec, à la clé, l’établissement d’un protocole de soins à administrer aux enfants sur place. À noter qu’une toute première formation d’oncologie pédiatrique a été proposée récemment au Maroc dans le cadre du GFAOP aussi. Je trouve ces opérations en Afrique particulièrement intéressantes, car à quoi servirait-il de guérir 100 % des malades ici et aucun en Afrique ?
Les 111 des Arts – L’association finance aussi des actions visant à améliorer les conditions de vie à l’hôpital…
G.L. – Oui ! Regardez, par exemple, ces grosses machines : elles servent à constamment filtrer l’air qui doit être minutieusement contrôlé pour le bien des jeunes patients. Il faut savoir aussi que les téléviseurs dans le cadre de notre service ne durent pas aussi longtemps qu’à l’ordinaire, il faut donc les changer tous les deux ans environ ! Nous améliorons aussi le confort des chambres, nous réaménageons les salons pour les parents, nous rénovons nos locaux…